Né en 1971 à Paris.

Architecte de formation, Matthieu Kavyrchine tire son expérience de la conception d’espaces construits pour se consacrer à une pratique plasticienne, qui le conduit à intégrer le post-diplôme du Studio national des arts contemporains du Fresnoy, dédié à la création audiovisuelle. Il développe alors plusieurs projets ayant recours à différents modes opératoires – photographie, vidéo, performance, collaborations avec d’autres artistes – et entame sa réflexion sur l’espace mental.

Sa rencontre avec Meg Stuart ouvre une série de collaborations avec des chorégraphes, en tant qu’artiste invité, qui lui permettent d’explorer, entre 2000 et 2002, une autre vision de l’espace – celle, plus fluide, du corps en mouvement. Dès lors, ses projets personnels le conduisent à investir la Villa Savoye de Le Corbusier (Habiter, 2003), à séjourner de nuit dans une forêt (D 104, 2008), à s’immerger dans des salles de spectacles vides (Culture, 2008), à explorer les littoraux américains aux bords de l’Atlantique et du Pacifique (Câbles, 2010), à explorer, en spéléologue, des espaces souterrains naturels (Gouffres, 2011) ou post-industriels (C 42, 2016), ou plus récemment, à prendre la mesure du temps de l’attente sans horizon dans les bagnes de Guyane (1517 jours, 2018).

Influencé par les défenseurs de l’architecture utopique et de recherche, comme François Roche avec lequel il collabore en 2005, Matthieu Kavyrchine est à l’initiative de l’Office du Tourisme Nord-Est (O.T.N.E), duo formé avec le designer Benoît Durandin. Ensemble, ils développent des objets à comportement et des installations mettant en œuvre l’instabilité des matériaux (Pop-up unicellulaire, 2006), s’inscrivant dans un projet plus large de design-fiction (Dakar, 3972, 2017).

Le processus de transformation de la matière et l’observation de phénomènes physiques simples caractérisent par ailleurs certaines pièces de Matthieu Kavyrchine prenant la forme de sculptures sensibles à leur environnement (Stalactite [Gouffres], 2011 ; Protonexpon, 2005).   

La particularité de sa démarche artistique réside dans une approche par projet, où la photographie tient la place principale, complétée par d’autres formes d’expression (vidéo, son, installation, objets…). Par les moyens mis en œuvre, la prise de vue photographique rappelle la production cinématographique : repérages, travail en équipe, éclairages, prises de vues à la chambre, post-production. Mais, sauf à parler de scénario invisible, la référence s’arrête là, car, coupant court à toute proposition narrative, ces mises en scène d’espaces mentaux cèdent juste avant qu’une fiction n’émerge. Ainsi, chacune de ses photographies nous plonge dans un lieu qui n’est pas, littéralement un « ou-topos », territoire hors de portée, en suspens, imaginaire, mais potentiellement existant.

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